La Gymnaste
Gymnase olympique de Tokyo. C’est à son tour de passer au sol. Son entraîneur lui donne les dernières instructions ; Diana se concentre, prenant de profondes inspirations. On l’appelle. Elle se présente au jury, l’appréhendant d’un sourire de vigueur, levant des bras tendus et se cambrant légèrement. La foule, suite à une vague écrasante d’encouragements, se tait religieusement. Après un temps, la musique démarre.
Son corps se déhanche à l’attaque des notes, engageant les premières gestuelles chorégraphiques avant de se placer dans un angle du praticable d’un aérien pas chassé. Elle gonfle sa poitrine puis s’élance pour sa première diagonale : rondade, flip, tempo, double salto arrière carpé pilé. Les premières clameurs montent dans les gradins. Elle fait une souplesse arrière, pivote, haute sur ses demi-pointes, fait une roue, rebondit et se lance dans sa deuxième acrobatie, rondade, flip, vrille arrière. Un long « Allez ! » retentit dans le gymnase silencieux. Un autre « Allez ! » rebondit en écho. Elle pose devant la foule et le jury. Gonflant sa poitrine d’air, elle prend deux pas d’élan et réalise un grand jeté puis, au gré d’un rebond, un saut en grand écart facial retombé sur le ventre. Gracieuse et souple sur le praticable, elle se relève après un audacieux passage au sol. Les regards la fixent avec insistance. Elle passe en arabesque avant de se replacer d’une double pirouette dans le coin du sol, préparant sa seconde diagonale. La musique accélère. Ses épaules remontent et elle prend sa course d’élan : saut de main, vrille avant, rondade, salto arrière tendu, rebond puis saut cosaque. La foule commence à se lever, de plus en plus impressionnée. De nouveaux « Allez » retentissent, plus nombreux cette fois, accompagnés de applaudissements ténus. Diana se trémousse puis fait un pivot et un saut de chat, rejoignant de nouveau un angle du praticable. Elle prend un léger élan pour effectuer un grand jeté avec changement de jambe pied-tête, se stabilise et exécute un saut sissonne. Elle s’immobilise, balançant ses hanches de gauche à droite, remuant son bassin sur les cris galvanisés de la foule. « Diana ! » Elle regarde son entraîneur qui hoche la tête, lui signifiant de rester concentrée pour ses deux dernières diagonales. Elle se replace, marchant sur demi-pointes, puis cambre le dos. « Allez ! » crie un jeune homme depuis les gradins. Diana accélère, sursaut sur le praticable puis salto décalé, rondade, flip, triple vrille et demi arrière. Elle pile son enchaînement. La foule retient son souffle à son dernier pivot, se préparant à témoigner de sa dernière diagonale. Pause musicale puis accélération finale du tempo. Ses épaules sursautent aux premiers pas de sa course d’élan : sursaut, deuxième salto avant décalé, rondade, flip, full in. Elle le pile. La foule gueule à en perdre un rein. Elle salue le jury, salue la foule et se dirige en courant hors du praticable. Elle saute dans les bras de l’entraîneur qui la développe comme dans Dirty Dancing. Ses amies l’entourent au milieu des clameurs folles du public. Sa performance est historique.
Les notes tombent : 14.784. Diana est championne olympique.
The end.
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