Obsession, épisode 1: Méduse moderne ou sirène ?
Il fallait traiter d’un thème,
Et pas n’importe lequel.
L’obsession. L’obsession.
L’obsession. L’obsession.
Hum, il est évident
Qu’une multitude s’est bousculée
Dans mon esprit, à trier.
Et j’ai voulu un angle différent.
Certes, parler d’une obsession courante
Mais qui recoupe sous son chapeau
Une poignée d’obsessions-bibelots,
D’obsessions enseignantes.
Der Blaue Engel, ou L’Ange Bleu, de Joseph von Sternberg en 1930
N’expose pas en pleine lumière ce thème lancinant,
Mais le traite en filigrane.
Ce film accueille Emil Jannings, une vedette de l’époque
Ainsi que Marlène Dietrich, elle, à l’aube de sa carrière.
L’histoire prend place dans une école allemande,
Dans laquelle nous rencontrons le professeur Rath,
Tentant de garder une quelconque autorité
Sur ses élèves trop agités
Par des photos d’une certaine Lola-Lola
Chanteuse dans un cabaret nommé L’Ange Bleu.
Alors que le professeur s’y rend pour mieux
Prendre sur le fait ses étudiants,
Il tombe sur cette femme chantant.
Enfin, il tombe, non, il croise son regard long.
Avez-vous compris ?
C’est un simple synopsis.
Ce grisonnant professeur, en un regard
Est amoureux de la sublime Lola-Lola.
Tout la place sous les lumières éblouissantes
De la femme fatale étourdissante.
Commence par elle l’histoire,
Et finit par elle, l’histoire.
La femme fatale au cinéma se décline :
Belle, mystérieuse, manipulatrice,
Guidée par le désir de liberté
Et même parfois d’oublier l’emprise masculine.
Toujours est-il qu’elle est omniprésente ;
Dans la photo abîmée que les adolescents se font passer,
Dans le regard du professeur pétrifié,
Dans son choix de tout abandonner,
De tout laisser, pour l’aimer, elle.
Dans tous ces cris et décisions, c’est elle
Que l’on observe œuvrer.
Car elle guidera tous les pas de son pauvre amant
Frappé par l’obsession de cette chanteuse.
Pour son amour, ou en tout cas pour une miette,
Il n’hésite pas à dégringoler les échelles sociales ;
Passant de professeur respecté à clown de cabaret,
À clown risible et pâle.
Lola-Lola, presque Méduse moderne,
Proche des sirènes,
Par sa voix et ses yeux
Entraîne les hommes à être fiévreux
Et à tout faire pour la séduire.
Car une fois mariés, qu’advient-il de l’ancien professeur ?
Ruiné par Lola-Lola, clown de foire certaines heures ?
Il ne peut plus qu’assister à l’ennui de sa femme.
Obsédé par elle, jusqu’à la limite de la folie.
Il la voit en voyant ce qu’il veut.
Il la veut infidèle : elle est infidèle.
Il l’a vue cruelle : elle est cruelle.
Je ne peux que vous conseiller de m’apporter votre propre regard,
Sur cette pièce d’art.
Peut-être vos yeux, éclaireront d’autant plus ma vision.
Mais je voulais, pour l’obsession,
Vous persuader de vous plonger dans le noir et blanc
De ce film inspirant.
Crédits photos : films.blog.lemonde
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