Tentative d’écriture à deux mains n°1 : le Vide
Une énième nuit doucement mélancolique. Marlon L’Enchanteur et Lula partent vers un autre monde empli de souvenirs et de mots. Voilà ce qu’il en résulte : le Vide.
L – Le vide, c’est un trop plein de rien.
M – Le vide, c’est ce truc vivant qui grandit en toi et se nourrit sans que tu puisses dire de quoi.
L – Le vide, c’est une page blanche dont tu ne veux pas.
M – C’est un moment où toutes les émotions dansent autour de toi, tellement fugaces, tellement floues que tu ne sais pas à laquelle te rattacher. C’est un gouffre dans lequel tu plonges pour t’oublier. Pour tout oublier.
L – Tu penses que c’est normal que je me sente vide sans toi ? Être vide, c’est ne pas être à la hauteur… de toi ?
M – Le vide, c’est ce truc inqualifiable qui te rapproche de la mort mais te rappelle en même temps que tu es en vie.
L – Cela veut dire que je ne vis pas sans toi. Il n’y a que les adultes qui rencontrent le vide. Il n’y a qu’eux pour avoir peur de vivre.
M – Peut-être qu’ils ne le rencontrent pas. Peut-être qu’ils vont à sa rencontre. Je pense que c’est un peu pour cette raison qu’il y en a tant qui fument. Pour provoquer le vide, pour être seuls, pour être loin, insaisissables.
L – Ou alors ils fument pour combler le vide en eux. Pour le remplir de fumée.
M – Parfois il arrive que le vide soit salvateur. Tu te penches par-dessus cette falaise abrupte, prêt à tout abandonner, et c’est là que tu te souviens, que tout te revient en bloc. Qu’il y a des gens qui t’aiment, qui ont besoin de ta présence, que le monde n’attend que toi.
L – Être vide, c’est être plein de désespoir. Est-ce que tu penses que l’on naît vide ?
M – On naît tous avec une âme.
L – Est-ce que tu penses que l’on est vide ?
M – Si on était vides, nos âmes n’auraient jamais pu se toucher, ni fusionner au point de ne faire plus qu’un.
L – Parfois être vide, ça fait du bien. Cela marque une fin.
M – Pourtant le vide n’est pas une fin en soi, juste un chemin que tu empruntes à un moment donné de ta vie. Il faut simplement avoir le courage de le franchir. Je n’ai pas peur du vide… J’ai peur qu’un jour personne ne vienne m’en sortir. J’ai peur de ne pas avoir la force de le vaincre seul. De me perdre sur le chemin. De finir par sombrer. J’ai peur de ne plus arriver à me battre, qu’il finisse par m’abattre…
L – Quelle est la couleur du vide selon toi ?
M – Le vide, c’est bleu comme le courage, c’est rouge comme l’amour, c’est jaune comme la trahison. Le vide c’est un tourbillon, le grand tourbillon des couleurs du passé, des émotions du présent et des craintes du futur.
L – Le problème avec le vide c’est que tu ne l’entends pas mais étrangement il s’entend déjà trop.
M – Le mieux c’est de l’affronter à deux. Il finit par devenir un bruit sourd puis par se taire. Je t’aiderai toujours à écarter ton vide.
L – Je commets toujours la même erreur. Essayer de remplir le tien.
M – Il serait peut-être temps qu’on l’assume ?
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